Prostitution forcée : que peut faire le client ?
| Chantal Billaud
La Suisse n’est pas épargnée par la traite des êtres humains, car ce commerce est très lucratif et le risque de poursuite pénale relativement faible. Le Service de coordination contre la traite des êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT) relève que les trafiquants sont tout aussi bien des citoyens suisses que des étrangers. Parmi les victimes de traite des êtres humains connues des autorités, la plupart sont exploitées sexuellement par le milieu de la prostitution. Il est par conséquent logique de s’adresser aux clients de prostituées pour agir contre la traite des êtres humains.
Repérer les victimes de traite des êtres humains
La prostitution forcée n’est pas toujours aisée à détecter. Il y a néanmoins certains indices qui ne trompent pas et qu’un client responsable devrait prendre au sérieux :
- La femme dont vous sollicitez les services vous dit qu’elle a des dettes très élevées envers l’exploitant du bordel ou envers la personne qui lui a « trouvé » cet emploi.
- La femme vous dit être l’objet d’une surveillance et d’un contrôle de tous les instants.
- La femme vous dit qu’elle a dû remettre son passeport ou qu’on le lui a confisqué.
- Une tierce personne (l’exploitant du bordel ou un autre souteneur) vous dit que vous pouvez exiger de cette femme tout ce que vous voulez.
Le Centre d’assistance aux migrantes et aux victimes de la traite des femmes (FIZ) donne d’autres indices qui dénotent qu’une personne est victime de traite des êtres humains. Un seul de ces signes devrait vous inciter à y regarder de plus près et à poser des questions.
Voici ce que peut faire le client de prostituées
Vous avez l’impression que quelque chose ne tourne pas rond et vous vous demandez si une femme se livre à la prostitution de son plein gré ou non ? Voici ce que vous pouvez faire pour cette personne :
- Contactez le FIZ et faites-lui part de vos observations.
- Proposez à la personne de se servir de votre téléphone portable pour contacter le FIZ. Si elle n’est pas (encore) prête à faire le pas, acceptez-le.
- Donnez-lui les coordonnées du FIZ : numéro de téléphone et l’adresse du site Internet. Le site Internet est disponible en plusieurs langues (hongrois, roumain, bulgare et thaï notamment). Si la personne n’est pas (encore) prête à s’activer, acceptez-le.
Les personnes trans et les hommes sont aussi des victimes
La grande majorité des victimes de traite des êtres humains à être exploitées sexuellement sont des femmes. Or, il existe aussi des personnes trans et des hommes qui exercent un métier du sexe. Si vous êtes client de prostitués masculins ou transsexuels, sachez qu’il y a une probabilité qu’ils travaillent sous la contrainte. Vous serez donc attentifs aux mêmes indices que pour la prostitution féminine. La justice et la police suisses répertorie régulièrement des victimes qui n’ont pas encore atteint l’âge de la majorité. N’hésitez pas à contacter la police si vous avez des doutes.
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