| Chantal Billaud

Monsieur R. rentre du travail à travers les rues désertes du centre-ville, alors que la nuit est déjà tombée depuis longtemps. Il aperçoit soudain deux hommes en train de frapper un jeune dans une ruelle peu éclairée. La victime est à terre, souffrante et affaiblie, et pourtant les deux malfrats s’acharnent encore sur elle. Pris dans leur spirale de violence, ils ne remarquent pas la présence de Monsieur R. un peu en retrait. Que peut faire Monsieur R. – et qu’est-il tenu de faire – dès lors qu’il est devenu un témoin involontaire de cette scène ?

  1. Agir sans se mettre en danger
    Monsieur R. doit aider le jeune homme – c’est d’ailleurs son devoir – sans se mettre en danger lui-même. Personne ne demande à Monsieur R. de devenir à son tour une victime en se portant au secours d’une victime. Différents moyens sont envisageables pour se rendre utile sans prendre des risques inconsidérés. Lisez donc ce qui suit :
  2. Demander de l’aide
    Monsieur R. interpellera des passants – s’il a la chance d’en trouver -, car c’est le meilleur moyen de s’entourer de gens prêts à intervenir. Même s’il est seul dans la rue, il se peut que les clients d’un bar voisin ont entendu des cris et sont prêts à lui prêter main-forte s’il le leur demande. Il devra le faire très directement : « Vous, le monsieur à la chemise blanche, venez m’aider ! » Logiquement, Monsieur R. se sentira plus fort que s’il était seul et il y a de fortes chances que les deux agresseurs laissent tout tomber et prennent la fuite à la vue d’un groupe de personnes.
  3. Observer attentivement
    Que se passe-t-il ? Qui a dit quoi, qui a frappé le premier ? Lors d’une agression ou d’une bagarre, il ne faut pas oublier que la priorité absolue va à la victime. Elle a besoin d’être protégée et prise en charge. C’est seulement après qu’on s’occupera de poursuivre les agresseurs. Nous le répétons : les témoins ne doivent apporter directement de l’aide que s’ils ne sont pas eux-mêmes en danger. Si tel n’est pas le cas, Monsieur R. aidera en allant chercher du renfort, alerter la police puis faire sa déclaration de témoin, le moment venu. Pour la poursuite pénale, il est extrêmement utile et important qu’il y ait des témoins qui permettront d’identifier les auteurs de ce forfait et de reconstituer les faits.
  4. Demander de l’aide
    Si l’escalade menace ou que la bagarre fait déjà rage, comme dans l’histoire qui est arrivée à M. R., il faut alerter immédiatement la police ! Tout témoin d’un acte de violence ne devrait pas craindre d’agir en composant le 117. Pensez-y : mieux vaut appeler la police une fois de trop que de ne l’avoir pas fait.
  5. S’occuper des victimes
    Monsieur R., à son âge, proche de la retraite, ne ferait pas le poids s’il devait se défendre. Il est bien compréhensible qu’il ne s’interpose pas dans une rixe. En fait, que l’on soit jeune et fort ou vieux et faible, la règle est la même pour tous : jouer au héros est la dernière chose à faire quand la bagarre gronde. Les agresseurs sont peut-être armés, nul ne le sait à l’avance. Mais Monsieur R. restera dans les parages pour porter secours à la victime dès que les agresseurs se seront envolés dans la nature. Il se présentera à elle avant de la rassurer en lui disant que la police et l’ambulance seront bientôt sur les lieux et que les auteurs de l’acte se sont enfuis.
  6. Faire une déclaration de témoin
    Lorsque la police sera sur les lieux, Monsieur R. devra faire le premier pas et se présenter comme témoin de l’incident en communiquant ses coordonnées aux policiers (voir ci-dessus). Peut-être Monsieur R. a-t-il observé un détail déterminant qui permettra de remonter jusqu’à l’auteur du méfait. Il rendra ainsi un fier service à de potentielles futures victimes.

L’exemple de Monsieur R. illustre comment tout un chacun peut se retrouver soudainement dans une situation où il faut savoir faire preuve de courage civique. Les six gestes décrits ci-dessus montrent ce qu’on peut faire concrètement soi-même dans ces moments-là et avec l’aide d’autres personnes pour porter assistance à une personne en détresse. Nul besoin d’être un athlète musclé et entraîné à la réactivité ou une kickboxeuse expérimentée pour intervenir : chacune et chacun peut le faire, c’est aussi son devoir ! Le contraire d’un acte de courage aurait été, pour Monsieur R., de passer son chemin et de laisser le jeune homme livré à lui-même. Ce comportement aurait été non seulement moralement condamnable, mais il aurait aussi été passible de poursuite pénale.

Vous trouverez des informations de fond sur le sujet dans la brochure « Interposez-vous ! », qui recense aussi toutes les adresses utiles. Editée par la Prévention Suisse de la Criminalité (PSC) cette publication montre pourquoi le courage civique est une valeur qui compte dans notre société, au même titre que pour les victimes de violence. En complément de la brochure, la PSC a aussi produit le film « Carte rouge », qui met en scène avec humour un acte de courage au quotidien.

Catégories: Courage civique

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